Parce qu'une grande baffe de temps en temps ça peut pas faire de mal. Enfin un petit peu quand même
J'étais décidée, en cliquant sur la petite icône du Renard de Feu enroulé autour de la Terre, à poster une jolie note sur mon blog, sans trop savoir quoi. L'inspiration ne venant pas, je me suis mise à googliser sans conviction pour tomber là-dessus.
IV
Je
pense à toi mon Lou ton coeur est ma caserme
Mes
sens sont tes chevaux ton souvenir est ma luzerne
Le ciel
est plein ce soir de sabres d’éperons
Les
cannoniers s’en vont dans l’ombre lourds et prompts
Mais
près de moi je vois sans cesse ton image
Ta
bouche est la blessure ardente du courage
Nos
fanfares éclatent dans la nuit comme ta voix
Quand
je suis à cheval tu trottes près de moi
Nos 75
sont gracieux comme ton corps
Et tes
cheveux sont fauves comme le feu
/d’un
obus qui éclate au nord.
*
Je t’aime
tes mains et mes souvenirs
Font
sonner à toute heure une heureuse fanfare
Des
soleils tour à tour se prennent à hennir
Nous
sommes les bat-flanc sur qui ruent les étoiles.
V
Au lac tes yeux très
profond
Mon pauvre coeur se
noie et fond
Là le défont
Dans l’eau d’amour
et de folie
Souvenir et Mélancolie
IX
Mon Lou je veux te
reparler maintenant de l’Amour
Il monte dans mon coeur
comme le soleil sur le jour
Et soleil il agite ses
rayons comme des fouets
Pour activer nos ames
et les lier
Mon amour c’est
seulement ton bonheur
Et ton bonheur c’est
seulement ma volonté
Ton amour doit etre
passioné de douleur
Ma volonté se confond
avec ton désir et ta beauté
Ah!Ah! te revoilà
devant moi toute nue
Captive adorée toi la
dernière venue
Tes seins ont le gout
pale des kakis et des figues de Barbarie
Hanches fruits confits
je les aime ma chérie
L’écume de la mer
dont naquit la déesse
Evoque celle-là qui
nait de ma caresse
Si tu marches Splendeur
tes yeux ont le luisant
D’un sabre au douc
regard pret à se teindre se sang
Si tu te couches
Douceur tu deviens mon orgie
Et les mets savoureux
de notre liturgie
Si tu te courbes Ardeur
comme une flamme au vent
Des atteintes du feu
jamais rien n’est décevant
Je flambe dans ta
flamme et suis de ton amour
Le phénix qui se meurt
et renait chaque jour
Chaque jour
Mon amour
Va vers toi ma chérie
Comme un tramway
Il grince et crie
Sur les rails où je
vais
La nuit m’envoie ses
violettes
Reçois-les car je te
les jette
Le soleil est mort
doucement
Comme est mort l’ancien
roman
De nos fausses amours
passées
Les violettes sont
tressées
Si d’or te couronnait
le jour
La nuit t’enguirlande
à son tour.
...Qu'est-ce qu'on peut bien faire après avoir lu un truc pareil, je vous le demande. Le découragement se mélange sans complexe au ravissement. Je reste improductive aujourd'hui. Maintenant, quoi; plus tard, peut-être. C'est beau, ce qu'il a écrit, Apollinaire ! D'autant plus que c'est simple. Facile (façon de parler...), en réalité, de faire de jolis poèmes compliqués et romantiques à la Baudelaire, grandes phrases complexes, vocabulaire d'esthète, images hautaines. Mais allez écrire quelque chose de beau avec les mots tout simples d'Apollinaire, et vous aurez l'air d'un amoureux stupide et neuneu quand lui est génial. Une impression de naturel se dégage, de facilité, d'instinct. C'est juste la perfection, qui refuse de se vautrer dans l'ostentatoire.