Livres & un peu Musique [Joyeux Noël]

Je viens de finir un livre - 3, en fait. Et je vais en faire outrageusement la pub sur mon blog.

Des milliards de tapis de cheveux d'Andreas Eschbach (un Allemand, il a obtenu un prix prestigieux pour ce roman, son premier: SFCD Literaturpreis): de la SF poétique. Comprenez poétique dans ses thématiques (les cheveux, les très longs cheveux, les tapis précieux, la royauté, la vengeance, ...), pas dans le style. Le pitch: sur un monde archaïque, une population tisse des tapis de cheveux selon une tradition plusieurs fois millénaire. Ces tapis sont ensuite envoyés au Palais des Etoiles, la divine demeure d'un Empereur qui ne l'est pas moins. Et alors là, surprise: [...]. C'est un livre qui se lit très vite, dont la couverture est fort belle, et le scénario bien mené. J'aimerais dire que l'histoire est très originale pour de la SF mais je manque cruellement de culture dans ce domaine, alors je suis bien incapable de savoir ce qui change et ce qui est ordinaire... Cela dit, ne serait-ce que par rapport à ce que je lis de chroniques ou de résumés de livres, je peux quand même m'avancer un peu. L'écriture ne pose pas de problème, l'auteur ne fait pas de zèle stupide (et le traducteur non plus), elle n'a rien de littéraire mais ça tombe pas non plus dans le Dan Brown; on pourrait dire un peu la même chose des personnages, très nombreux donc peu travaillés, ce qui a l'avantage de nous épargner la pitoyable pseudo-psychologie dont tous les mauvais auteurs raffolent. Oui il y a du cliché, certes, mais on est très loin de l'insupportable et du niais. Tout le monde dans le bouquin est au service de l'intrigue, qui tient en haleine. On va de surprise en surprise, mais ce ne sera peut-être pas le cas des habitués de la SF; j'ai vu en effet que certains lecteurs, plus expérimentés ou perspicaces que moi (pas dur) avaient rapidement vu où on nous amenait. Moi, non, rien deviné, plaisir intact. "Hein? Ah bon? Oh là là..."

Raison et sentiments de Jane Austen et qui aurait mieux fait de s'appeler "Sentiment et hystérie" tant sa conception de la raison pourrait nous sembler, à nous autres modernes matérialistes, éloignée de la nôtre. Ce sont les tribulations amoureuses et sociales de deux sœurs - elles en ont une troisième dont tout le monde se fout - anglaises bourgeoises (mais presque pauvres, ce qui ajoute à leur situation romantique - l'amour importe plus que l'argent, etc, mais l'argent il en faut quand  même un minimum, etc, et pi la bonne éducation malgré le peu de fortune, etc) à la fin-fin du XVIIème siècle. C'est sympa, ma foi. On s'amuse de lire, écrits avec naturel et simplicité, comme une évidence, des dialogues parfois fondés intégralement sur l'argent et les tractations, un autre monde quoi. Je me moque, mais c'est un joli livre... Ça parvient à assouvir mes pulsions de mièvrerie sans me forcer à sombrer dans la médiocrité littéraire, qui est généralement le lot du roman sentimental d'aujourd'hui. Alors on se demande tout au long du livre - enfin, JE me demande... - : "mais quand est-ce qu'ils baisent?" Ben, jamais.

Les Encantadas ou Îles Enchantées d'Hermann Melville, recueil de nouvelles sur les Galapagos: un tout petit livre très ambiance, prenant et joli, qui regroupe descriptions poétiques des îles et anecdotes légendaires. L'immersion est rapide et efficace.

Parlons aussi tant qu'on y est du Bois Duncton (de William Horwood) que je suis en passe de terminer - il était trop gros, je ne l'ai pas emmené en voyage. C'est de la fantasy originale, comme quoi ça peut aller ensemble des fois... Ça raconte l'histoire d'un peuple de taupes - des vraies, pas des faux humains - à qui il arrive tout un tas d'aventures, au rythme des migrations, accouplements, saisons. Une ode à la Nature réelle, ravissante et poétique, qui n'en verse pas moins, parfois, dans le ridicule (les scènes érotiques me font un effet que je ne parviens pas à définir: "Ému, il plongea ses griffes sensuellement dans sa douce fourrure soyeuse...". Ou pas d'effet du tout, en fait). Le style n'y est pas pour rien; si certaines envolées lyriques sont très charmantes, d'autres, en revanche, sont d'une lourdeur pénible, accentuée par une syntaxe sujet-verbe-complément-stop, ce qui donne à ce bouquin un côté indéniablement enfantin et/ou cucul, très regrettable. Et même si on y décèle quelques tentatives de subtilité, le gros de la chose est manichéen. Mais je le recommande car ses défauts ne doivent pas faire oublier ses qualités: c'est vraiment de la fantasy, épique et tout, on adhère parfaitement à l'ambiance, et ça change.

Ouais et j'ai reçu pour Noël L'encyclopédie du mauvais goût de Verlant, Quenouille & Depoil, un recueil décomplexé d'une mauvaise foi assumée, qui nous présente par ordre alphabétique tout un florilège de domaines propices à la production moisie: la peinture, le ready-made, le hard rock, l'Eurovision, le kitsch, le culturisme, Noël, les nains de jardin... Sympathique et snob, l'Oeuvre aurait quand même mérité d'être un peu plus étoffée.

    Et sinon, j'écoute Vive La Fête, groupe d'électro pop goth (...) belge, on m'a offert Grand Prix l'un de leurs albums pour Noël: ils se tapent de bons délires, ne se prennent pas au sérieux, écrivent des textes nullissimes mais néanmoins originaux, s'inspirent de la musique des 80's, et on les reconnaîtrait entre mille. Impossible de dire si c'est de la bonne musique ou de la merde, mais moi j'aime beaucoup; certains trouveront ce groupe d'une rare médiocrité mais je ne pense pas qu'il puisse susciter l'indifférence absolue. Je découvre aussi Bloody Dead And Sexy, ou plutôt je redécouvre; j'avais écouté quelques musiques rapidement sans être convaincue, et là, je me suis rendue compte, soudain, que c'est chouette, en fait. C'est du goth rock classique, qui mixe (comme tant d'autres) batcave, death rock et indus, pas profondément original, mais il y a des tas de groupes de goth rock que je trouve bidons, lui je l'aime bien. Je ne connais que leur premier album, Paint It Red, je vais m'empresser de voir à quoi ressemble le deuxième.

Comments

[Aranna]

Grâce au lien sur l'autre, dont j'avais gardé la trace dans mes favoris, sauvegardé sur mon PC.

[Bottine]

Sensaerach > bonne année de même... longue vie à toi et à ta charmante dulcinée (en fait je sais pas si tu as calculé que la bonne XIXème à l'anniversaire d'Anne, c'était moi. Bref au cas où le doute planerait, il est dissipé).

Aranna > je crois que c'est pire, c'est un dogue français (?). Dans ce bouquin y'a même un article sur Yvette Horner, c'est instructif, je ne la connaissais pas avant.

[Aranna]

le livre sur le mauvais goût. Ca me donne envie de le feuilleter, rien que le chien ? caniche ? rose sur la couverture... c'est une incitation.

[Alex/Sensaerach]

Je profite de mon passage pour te souhaiter une bonne année! Longue vie au boboth !