Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Boboth Blog
21 janvier 2008

Science Infuse

50264322
Réflexion minus issue de discussions diverses et variées avec des Gens qui ne le sont pas moins.

        On a l'habitude de parler de notre époque et de notre société - les deux ensemble - comme d'une époque et d'une société rationnelles, à la gloire de la science enfin triomphante face aux superstitions obscures / moyen-âgeuses / arriérées / etc. Je ne souhaitais pas, en rédigeant ce post, m'attarder sur les conceptions habituelles que certains ont de l'irrationnel et de l'arriéré mais je vais quand même le faire (car j'ai Envie). Ça commence par du sentimental, je vous préviens, du pur et dur ! Il y a l'agacement qu'on ressent, même en en ayant l'habitude, lorsqu'on s'entend dire qu'on est irrationnel, superstitieux, soumis et sans volonté, de façon parfois péjorative, parfois condescendante (du style "Ça te donne un petit côté fantasque, c'est charmant" ou "Mais je n'ai rien contre les gens irrationnels, ne le prends pas mal": à éviter. C'est pire) pour la simple et unique raison qu'on croit en des choses qui n'ont pas été prouvées par a+b. Ça va de tout à n'importe quoi, d'un dieu/déesse à la psychanalyse - selon ce que chacun considère comme rationnel et digne de créance, selon ce que chacun connaît des avancées scientifiques de domaines dont on parle souvent sans rien y connaître, selon tant de choses…

Alors, tandis que certains nient tout en bloc, allez, c’est parti, on fait pas les choses à moitié, d’autres font preuve d’une mauvaise foi touchante : ils vont considérer par exemple les religions dignes de créance, mais vont prendre toutes les pratiques qui relèvent de l’inclassable pour des superstitions à débiles, ou plus grave, pour de la folie. J’ai du mal à voir ce qu’il y a d’intrinsèquement plus débile, plus fou, plus régressif, plus fantaisiste dans le fait de croire aux fées que croire en un Être Suprême. Mais je m’égare…

Il ne vient pas au sage esprit du Rationnel de base, si expérimenté, si intelligent, si réfléchi, si objectif – rationnel, quoi ! – l’idée toute simple selon laquelle la rationnalité change d’un individu à l’autre. Ça c’est vachement rationnel comme idée tiens. Première année de sociologie ; épistémologie ; histoire des sciences ; apprentissage basique de l’esprit scientifique du chercheur. Il faut être assez ignorant pour être un Rationnel de nos jours. Il faut exclure tout un pan de la connaissance et de la réflexion philosophiques et physiques pour parvenir à conclure: « Oué, le Big Bang a créé l’Univers. C’est vraiment comme ça que ça s’est fait, et c’est tout ». Parce que ça ressemble fortement à une mythologie quand même. Y’avait quoi avant ? le néant ? oui, et quoi, ça leur semble pas légèrement improbable ? du Rien naît le Tout. A moins que le Tout existe déjà en petits morceaux. En petit morceaux créés avant même que le monde soit créé, ils existent, point barre, et vont se rassembler au moment du Big Bang. Vachement convaincant dites... Mais ce qui importe, car je les vois venir les autres super théories qui expliquent qu’en fait avant le Big Bang…, c’est que n’importe quelle théorie scientifique ne ferait que repousser le problème. Et avant il y a eu ceci, cela. Ce qui implique, toujours, invariablement, que des choses puissent sortir du néant selon une propriété physique qui n’existe pas (mais la contradiction n’a pas l’air de déranger grand-monde) ou, plus drôle encore, que des choses matérielles puissent être sans avoir été créées selon une propriété physique qui existe encore moins. Mais bon ! peut-être sera-t-elle découverte un jour. Je ne vais pas me contredire en affirmant que tout ce qui ne relève pas d'une propriété physique clairement établie est impossible, etc, vous me comprenez, c'est dans leur rationnalité que ça coince, pas dans la mienne.

Bien évidemment chacun fait son choix en fonction de tout ça. J’imagine que les esprits scientifiques, les vrais, doivent quand même se poser quelques questions et ne sont pas du niveau des imbéciles obscurs et ignorants qui se prétendent scientifiques et avancent absolument sûrs d’eux et de leurs conceptions tout à fait mythologiques, imbus de la plus grande prétention concernant leurs faibles et lacunaires connaissances. On confond tout de nos jours, je vous jure…

On retrouve un petit peu le même genre de problèmes dans les discussions sur la médecine. L’enjeu étant alors que ce qui n’est pas prouvé avant ne fonctionne pas. Ainsi, un médicament, une technique peut faire un effet bœuf sur les patients, si c’est pas prouvé par des expériences extérieures, ça marche pas. C’est étrange, je trouve : j’aurais tendance à penser que la guérison est la seule expérience valable, qu’est-ce que je peux bien en avoir à foutre que le médoc marche sur un échantillon de souris s’il ne me soigne pas, moi ? ou l’inverse, si ça marche pas sur les souris, mais que sur moi, ça fonctionne ? Où est le problème ? Mystère. Ça donne alors lieu à tout ce débat autour de « qu’est-ce que la science » et « qu’est-ce que la médecine », débat qui selon moi n’a pas le moindre sens ; est médecine ce qui soigne. L’argent entre ensuite en jeu, naturellement, puisque c’est selon certains critères de scientificité que la Sécu va choisir de rembourser des médocs ou non. Eh ben encore heureux que ses critères sont moins obtus que ceux de la plupart des gens : ça fait quand même gagner des sous, considérablement. Si on peut se soigner avec des médicaments qui coûtent 50 fois moins cher que d’autres, tout le monde y gagne. Mais ceci étant, l’essentiel dans l’histoire, c’est que la Sécu n’a pas à jouer le mécène de la Vraie Science. C’est plus ou moins le cas au final, mais l’idéologie n’est pas prégnante et c’est heureux. Car ça n’aurait aucun sens. Tout médicament, quel qu’il soit, possède un effet placebo. Aucun médicament qui ne soit pas une drogue (et je ne suis pas du genre à dire que tous les médicaments sont des drogues. Y’en a quand même dans le tas) ne fonctionne si celui qui l’absorbe est de mauvaise volonté, d’une manière ou d’une autre. C’est ainsi que des vétérinaires soignent des chevaux à l’homéopathie, mais que personne ne me fera passer une fièvre ou un mal de tête bénin avec du Doliprane…

Anecdote finale. Celle-ci est particulièrement flagrante mais il y en eut d'autres. Quand j'avais 12 ans, je me suis chopé un zona. On m'a emmenée comme il se doit voir le docteur de famille, un type pète-sec mais sympa, jamais en retard, toujours tiré à quatre épingles, pas le genre beatnik quoi. Il m'examine et me fait: "honnêtement, de nos jours, la science est incapable de soigner correctement les zonas. Tu vas te retrouver avec un zona qui va te recouvrir toute la ceinture abdominale de plaques rouges et croûteuses, ça va laisser des séquelles importantes, et ça ne partira pas avant un bon bout de temps. On sait pas vraiment comment ça fonctionne. Va voir un guérisseur, y'a que ça qui marche vraiment pour le moment." C'est ce qu'on a fait, au bout d'une semaine c'était intégralement parti et entre-temps, j'ai juste pu voir 3 petites plaques de rien du tout, d'1cm chacune. Et là, récemment, chez ma doctoresse, je lis dans un magazine: on vient de découvrir un médicament révolutionnaire contre le zona qui réduit la durée du traitement à un mois seulement. C'est une grande avancée pour tous les malades, [...]

Conclusion 1 : huhu.

Conclusion 2 : fuck le Doliprane.

Publicité
Publicité
Commentaires
B
l'Ecrivain & ahmed > il est vrai, il est vrai. En fait, ça me déplaît de passer éventuellement pour une anti-sciences forcenée alors que je suis la première à lire des machins genre Science & Vie, et que ça m'éclate. Dans mon souci de rétablir un semblant d'équité contre un dogme bien établi (et aussi parce que j'aime exagérer, c'est mon côté sudiste) je me suis laissée aller à amplifier quelque peu mon avis initial; je suis moins radicale dans la vie de tous les jours.
A
Un article d'actualité (même s'il a 1 mois) vu que je me tape une angine depuis 2 jours, je vous raconte même pas... d'ailleurs tout le monde s'en fout.<br /> <br /> Je me dois de participer au débat: autant je comprends - et je partage - ce que tu dis sur les théories cosmologiques (le "bing bang" comme dirait ma grand mère) dont on devrait parler au conditionnel, autant je pense que ce que tu dis sur la médecine se tient moins bien. Je vais prendre 2 exemples : <br /> - "qu’est-ce que je peux bien en avoir à foutre que le médoc marche sur un échantillon de souris s’il ne me soigne pas, moi ? ou l’inverse... ? " << ok, mais les tests des médicaments ne se font pas que sur des souris. Ils sont aussi testés sur des cobayes humains, donc aucun médicament qui marche sur les souris mais qui ne marchent pas sur les humains n'est commercialisé. Après, tout dépend de ce qu'on appelle 'marcher'.<br /> - "Aucun médicament qui ne soit pas une drogue ... ne fonctionne si celui qui l’absorbe est de mauvaise volonté" << certains vaccins (je te concède que ce ne sont pas des médicaments, mais ça fait partie je pense des certitudes scientifiques que tu mets en doute) qu'on fait aux jeunes enfants depuis quelques générations ont permis d'éradiquer quasiment(en tout cas en france) un nombre important de maladies. Et je vois pas comment un enfant de 6 mois pourrait être influencé par un quelconque effet placebo...
L
ça ne vient en rien contredire ton propos, mais remarquons quand même que l'excès inverse existe aussi: http://www.radio-canada.ca/regions/Quebec/2008/02/06/004-medecine_alternative_DPJ_n.shtml
H
Pour revenir à une conversation entamée sur mon blog, juste :<br /> <br /> Si ça se trouve, l'homéopathie n'utilise pas du tout l'effet placebo, malgré mes sarcasmes. Si ça se trouve, ça a vraiment un effet physiologique qu'on ne sait absolument pas expliquer aujourd'hui. J'en sais rien. Personne n'en sait rien, d'ailleurs. Si ça se trouve.<br /> <br /> La seule chose, c'est que quelle que soit l'origine des guérisons provoquées par la prise de médicaments homéopathiques (puisqu'il y en a, et ce serait idiot de le nier), il n'a jamais été possible de montrer que l'efficacité de la technique était supérieure à celle d'un placebo. C'est peut-être pas un placebo, mais dans tous les cas ça marche pas mieux. Ca, ça peut quand même donner à réfléchir.
W
Ma chère, il n'en reste pas moins que nous avons trouvé en la science le meilleur moyen de démèler le vrai du faux.<br /> <br /> Mais la science n'a pas réponse à tout, et ses réponses sont temporaires. Le problème peut être le scientisme, la vénération aveugle de la science qui conduit à des certitudes quand la science n'est souvent qu'incertitudes...<br /> <br /> Je voulais le rappeler pour éviter de tomber dans le relativisme des idées qui voudrait que la croyance en l'astrologie soit du même ordre qu'en celle du Big Bang. L'hypothèse du Big Bang repose sur des déductions à partir de faits utilisant la logique (même si certains astrophysiciens les interprètent différemment et ne croient pas au big bang)alors que tous les tests faisant appel à la rationalité (avec des échantillons test etc.) ont démontré que l'astrologie ne prédisait pas plus l'avenir que n'importe quel texte rédigé dans cette optique.<br /> <br /> Bref, il existe tout de même une hiérarchie des savoirs que tu ne peux pas nier.
Boboth Blog
Publicité
Boboth Blog
Derniers commentaires
Archives
Publicité