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Boboth Blog
10 septembre 2008

La valeur Travail est un engagement !


. La théorie de l'engagement en psychologie sociale.

     Très grossièrement, et espérant ne pas faire erreur, l'escalade d'engagement consiste à s'obstiner dans les tréfonds de notre propre lose pour ne pas renier toutes les absurdités déjà  commises auparavant. L'initiative personnelle est minime mais on se berce d'illusions dans l'espoir de croire en notre capacité décisionnelle.

     Ainsi, lorsqu'on est obligé de faire quelque chose, soit on refuse, soit on accepte (mais le grand principe de l'obligation c'est quand même de ne pas trop avoir le choix, donc...) et on justifie ensuite notre acte auprès des autres par un choix librement consenti, afin de ne pas passer pour une vieille victime passive et contrainte d'une part, et pour se remotiver un peu d'autre part - et pour rester cohérent avec tout ce qui a déjà été fait par soi. La formulation technique serait "pour ne pas se retrouver en état de dissonance cognitive".

     Non je ne me moque pas, je le fais aussi, des fois, oui oui. Sans doute. Mais dans ma grande hypocrisie - la théorie de l'engagement sous-tend à mon humble avis nécessairement une hypocrisie même si le mot n'est pas employé, et on comprend bien pourquoi XD - j'occulte gaiement ces douloureuses expériences et n'en ai donc aucun souvenir.


. Là où je veux en venir :

    Après plusieurs discussions & réflexions diverses et variées, mais pas tant que ça puisqu'elles portaient toutes sur le même sujet et qu'à partir du moment où je me suis mise à me poser des questions j'en suis arrivée à des réponses quasi-toujours identiques (qu'on pourrait simplement appeler "ma position sur le sujet") et parce que la plupart de mes fréquentations ont un avis proche du mien - du moins pour ce que j'en sais, j'en suis (nous en sommes) arrivée(s) à une conclusion. C'est que le travail, c'est chiant, à moins de faire un boulot qui nous plaît, et si tout le monde n'avait pas l'hypocrisie de raconter le contraire, ça n'existerait qu'à dose homéopathique.

 Mais pourquoi, au juste, ériger le travail en valeur morale ? Pour deux raisons très simples et presque similaires. La première c'est qu'on a besoin (ou pas... le débat est intéressant mais HS) d'argent et que le travail reste encore la solution la plus pratique. A partir du moment où on est obligé de travailler, on a naturellement tout intérêt à trouver ça chouette, ou sinon c'est fort dommage. La deuxième c'est que le travail, on apprend ça depuis l'enfance, pour la plupart. Mais avec un peu de chance, une bonne concordance de situations personnelles et extérieures favorables, tout le monde n'a pas besoin de travailler à l'école. Certains passent leurs enfances et adolescences à se casser le cul, d'autres pas vraiment. Là encore, il vaut mieux dire que le travail, c'est chouette. Être sincère, reconnaître qu'on n'a pas de chance ? Moyen. Alors on se console. Mais oui, c'est un compliment d'être travailleur ! Pourquoi ? Euh... parce qu'on n'a pas le choix, si ce n'est celui de s'aimer soi-même.

     C'est une bonne technique, qui fonctionne et, comme je l'ai déjà dit, dont j'use probablement très souvent ; c'est humain, qu'est-ce qu'on ferait pas pour se remonter le moral. Mais quand même. On baigne dans un moralisme gerbatif qui porte préjudice à ceux qui ne se conforment pas exactement au bon discours, précisément parce qu'il existe un bon discours et qu'on ne laisse pas les gens faire leur life peinards, et c'est ce qui me pose problème ; je n'émets pas de jugement de valeur à l'encontre des bosseurs militants, car au pire je les trouve malchanceux et franchement frustrés - quel besoin d'aller emmerder le monde autrement - voire Méchants. Je devrais m'y mettre peut-être. La prochaine fois que j'en chope un !   

     Mais bien sûr, ce que je dis est caricatural. Je m'énerve toute seule contre un discours à la mode & socialement convenu, pas contre le fait de travailler en soi, ni contre toutes les bonnes volontés dont je fais parfois partie qui aiment fournir un effort de temps à autre pour des trucs qu'ils jugent dignes d'être investis, ou pour le plaisir sportif de se dépasser ^^
 

. Ma vie mon œuvre...

     La vie de S. P. fut globalement marquée par un renoncement de tous les instants aux projets & idéaux les plus fatigants ; son œuvre est, aujourd'hui encore, remarquable de par son absence, telle un chemin ouvert à tous les possibles... Il n'en résulte rien moins qu'une vastitude proprement infinie, et nécessairement indéfinie.


. Le support visuel ^^

     Qui n'en est pas réellement un. Pour commencer voilà un portrait de Stakhanov (prononcer Staranov) de 1938. C'est touchant, une belle peinture de facture académique en hommage  à un mineur. À cette époque la peinture figurative devint pleinement kitsch... [Hah ça me rappelle le joli plafond du métro de Moscou, où l'on voit Staline en costume traditionnel admirer un couple de danseurs campagnards au milieu d'une bonne foule joviale et folklorique. Sans commentaire.]

stakhanov2

    Toujours notre ami, en photo cette fois. Celle-là m'a marquée, je l'ai vue pour la première fois en 3ème dans l'officiel bouquin. On ne peut pas dire qu'elle soit extraordinaire mais, il est tellement souriant... Un grand sourire au premier rang plein de belles dents blanches, un jeune homme très vivant  et robuste figé pour l'Éternité. Respira en vrai pourtant ; s'épongea le front mille fois. On est en droit de le penser beau, on n'y voit rien de toute façon, mais c'est un jeune homme, il sourit, et c'est un super champion du peuple. Un faux mais à l'époque on ne le savait pas... Un champion / Jeunesse / Vie / Peuple / je suis comme une petite vieille nostalgique, ça craint :'-)

stakhanov

Et enfin, une pin-up sur une coque en métal.

noseart

- Et voilà -

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Commentaires
B
ahmed > XD heureusement que le blog est référencé adulte maintenant, ça peut être choquant ce que je raconte, si ça se trouve y'a des tas de petits enfants qui vont devenir fainéants à cause de moi.<br /> <br /> Anne > oui, mais en fait la question n'est pas de savoir pourquoi est-ce qu'on travaille, mais pourquoi le travail est-il érigé en valeur morale. On pourrait se contenter de la position - c'est la mienne - qui consiste à considérer le travail comme une chose strictement utile et nécessaire (à la réussite, à la reconnaissance... etc) sans avoir besoin de louer les bosseurs et de vilipender les autres publiquement.<br /> <br /> NPH > bonnes remarques, mais est-ce que la foi ne vient pas justement d'une nécessité pour justifier le Travail, voire, dans une vision politique, l'exploitation des gens? Mais je suis globalement d'accord avec toi. Ça rejoint l'idée d'un discours moral & valorisé. <br /> <br /> "Depuis les premières révolutions industrielles, l'être humain s'affranchit de plus en plus des lois de la survie primaire, à savoir manger à sa faim, trouver de l'eau etc, dans les pays les plus riches tout du moins."<br /> <br /> Sauf que les sociétés non industrialisées ne se contentent pas de "survie primaire", même si elles en ont l'air selon nos normes. On parle de sociétés d'abondance en anthropologie dans le cas des cultures où il ne manque jamais rien puisque la production est délicatement mais efficacement régulée pour que tout le monde bouffe à sa faim*. Les gens fournissent en moyenne, dans ces sociétés, 2-3h de tâches par jour (agriculture, chasse, voirie etc). Je ne parle pas d'utopie mais bien de civilisations entières fonctionnant sur ce mode. Alors en terme de population elles ne représentent pas grand-chose, en termes de diversité culturelle c'est autre chose car c'est en fait la majorité des sociétés qui marchent comme ça. Je n'en fais pas l'éloge non plus, je suis bien contente de vivre là où je vis. C'est juste pour dire qu'il ne faut pas assimiler sociétés "traditionnelles" à pauvreté, en général la pauvreté en tant que situation pénible (et non pas en tant qu'avoir X pognon) n'existe ici que lors de chocs culturels, de colonisations, de désastres écologiques. Ou de malchance... faut pas se plaindre de manquer d'eau quand on va s'installer dans le Thar, sans déconner (mais si, je rigole).<br /> <br /> "Je m'explique, si on perd la foi en l'atteinte du bonheur total tout en gardant un bon niveau de vie, cela serait catastrophique car l'être humain n'aurait plus aucune raison de survivre et s'éteindrait tranquillement."<br /> <br /> Cf (un peu) ce que j'ai dit plus haut, des dizaines de sociétés ont vécu des millénaires selon le même mode de fonctionnement, connaissant certes des évolutions mais pas de rupture de l'ordre de l'ère industrielle. Et dans ces petites sociétés, les inégalités sociales, si elles existent bel et bien, ne vont pas jusqu'à la famine de certains VS l'opulence d'autres. Je ne pense pas que l'ambition (au sens positif du terme, je n'ai rien contre dans l'absolu, ça mène souvent à de grandes choses) soit nécessaire à la survie, mais plutôt l'équilibre. C'est d'ailleurs un peu triste, finalement, mais en regardant ce qui se passe, c'est à l'heure où l'homme a le plus fort appétit de vie qu'il s'auto-extermine joyeusement ^^ Tragique. C'est comme si la sacro-sainte humilité se tenait narquoise et placide devant le faux triomphe de l'hybris destructrice XD<br /> <br /> * petite anecdote sympa. Ne la prenez pas comme de l'anticapitalisme primaire, c'est juste pour illustrer la façon de penser des sociétés d'abondance. En Océanie (chépu où exactement) vivait le peuple X, assez récemment, genre y'a 1 siècle grand maximum. Un jour débarqua le peuple Australien blanc qui "découvra" les X. Soucieux d'étendre leurs relations commerciales, ne voulant pas franchement les exterminer, ils offrirent aux X des tas d'outils visant à produire 2x plus de ressources diverses afin que les X leur revende l'excédent à bon prix, naturellement. Les X, tous contents, reçurent le cadeau avec plaisir, et s'en servirent. Mais au lieu de produire 2x plus en travaillant autant, ils décidèrent de produire autant en travaillant 2x moins. Quelle bande de glandeurs ^^ Mais en fait non parce qu'ils ont profité du temps libre pour aller guerroyer à droite et à gauche. Les populations Pacifiques n'ont de pacifique que leur océan.
A
"une belle peinture de facture académique en hommage à un mineur" << oh non! pas encore le même débat sur la pédophilie!!!!!
C
Pourquoi on bosse? Les tout-petits qui s'acharnent à refaire le même geste jusqu'à y arriver travaillent. Pour eux, pour grandir, pour réussir, pour être contents. Alors pourquoi nous on bosse? Pour l'argent, la récompense, la reconnaissance...<br /> <br /> Où est-ce qu'on a loupé le coche, perdu l'envie?
N
Il y a un point que je crois nécessaire d'évoquer ici pour compléter le sujet. Il s'agit du facteur foi. On ne nous apprend pas à travailler depuis l'école parce qu'il le faut mais parce que ça mène à quelque chose de merveilleux.<br /> <br /> Depuis les premières révolutions industrielles, l'être humain s'affranchit de plus en plus des lois de la survie primaire, à savoir manger à sa faim, trouver de l'eau etc, dans les pays les plus riches tout du moins. <br /> <br /> Depuis le début du XXème siècle on arrête pas de nous dire que si on travaille tous ensemble, un jour, on atteindra une sorte de "bonheur total" dont chaque travailleur en aura été le bâtisseur.<br /> C'est quoi le bonheur total? Mais pas besoin d'explications puisque la société y croit. Ceux qui n'en rament pas une sont les hérétiques de nos société, non seulement ils ne croient pas au bonheur total mais en plus ils empêchent les autres d'y accéder. <br /> <br /> Et savez vous quoi? il serait mauvais pour la survie de l'humanité que les hérétiques gagnent. (après que vous soyez pour la survie de l'humanité ou non est un autre débat).<br /> Je m'explique, si on perd la foi en l'atteinte du bonheur total tout en gardant un bon niveau de vie, cela serait catastrophique car l'être humain n'aurait plus aucune raison de survivre et s'éteindrait tranquillement. <br /> <br /> La plus grande réussite de l'humanité est d'avoir survécue jusqu'à maintenant et d'être décidée à continuer.
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