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Boboth Blog
22 juin 2009

Aigreur & tristesse

Préambule : notez dès à présent l'absence des mots capitalisme, droite ou Sarkozy dans ce post. Vous pourrez checker, ils n'y figurent pas, ni leurs synonymes ; ce pour éviter qu'on me reproche (à juste titre) la reprise à des fins politiques d'un événement des plus lamentables, qui ne dépend de rien d'autre, selon moi, que de la médiocrité humaine. Allez, enjoy, ça va le faire :o)

Rudolph1

Ça s'est passé en je ne sais plus quelle année, la 2008 très probablement, durant les courses de Noël d'un grand magasin new-yorkais. Les gens, impatients d'offrir leurs bouses insipides cadeaux à leurs connards minables d'amis  ou de parents qu'ils n'aiment même pas de toute façon, piétinaient d'une impatience fiévreuse en attendant l'ouverture des portes du magasin, pour s'y ruer, tous en même temps, tous en premiers, sur LE bibelot, LE it, qui ferait plaisir (si cette engeance est capable de ressentir quoi que ce soit). Un modeste employé, tranquillou, peinard,  lui aussi bien décidé à passer de jolies fêtes, pour lesquelles il économise sur le maigre salaire de son boulot ingrat (où, soit dit en passant, il se fait exploiter sans vergogne par son patron pété de thunes acquises à vendre de la camelote faites par des petits Chinois souffreteux et dépressifs), va ouvrir les portes du magasin et, comme mentionné plus haut, les gens se précipitent.

Et écrabouillent inexorablement notre employé. Il meurt, à la fois asphyxié, piétiné, brisé et déchiqueté.

C'est la joie et la magie de Noël, wouhou ! Et pourtant j'aime sincèrement Noël. C'est en partie pourquoi j'écris ce message au mois de juin, ainsi je n'irai pas à l'encontre de tout ça, de mes jolis souvenirs de longues soirées, le moment venu.

Alors, alors, combien, parmi ces criminels pitoyables (tuer pour acheter... Ils étaient des milliers, et ils n'ont même pas pensé, tant qu'à faire, à piller le magasin. Tuer pour acheter. À méditer), euh, je ne sais plus quelle question rhétorique éclatante je voulais asséner, ha si : combien, parmi eux, étaient chrétiens, et se sont vus offrir leur joli cadeau à leur jolie famille unie dans l'amour du Christ ? Peu, j'espère, pour l'honneur de ce en quoi ils croient. Beaucoup, sans doute, car la nation américaine est censément "pieuse".

Oh, ça devait être beau ! Tous ces gens si impatients, trépignants dans le froid d'un matin de décembre enneigé et illuminé, excités à l'idée d'offrir quid une théière design à la con à une pouffe bête et méchante, quid une chemise hors de prix pour un beau gosse moche, débile et qui cocotte comme un abruti, quid un livre dénué du moindre intérêt à un idiot congénital qui fera mine d'avoir profondément compris les rares phrases porteuses d'un sens quelconque et convenu...

"Youhou, chouette, je suis une sous-merde sans personnalité qui va offrir un truc hideux, nul, cher, ordinaire et produit en séries de 100 000 000 à une autre sous-merde sans personnalité (je me demande d'ailleurs comment je fais pour parler d'elle à la troisième personne puisqu'elle est un clone de la mienne - et en fait je ne me demande rien puisque je suis trop niaise), en somme quelqu'un que je fais semblant d'aimer parce qu'il est aussi creux, putréfié et médiocre que moi, et pourtant c'est pas peu dire ! Qu'est-ce que c'est cool ! On est tous des gros cons dans ce magasin moisi, notre QI culmine à 72 tout le monde cumulé, GAAAAAAAAA, et on est vachement fiers de nous, puisqu'on ne vaut rien, qu'on pue, qu'on nuit, qu'on fait chier, qu'on est des imbéciles narcissiques et méchants qui tuent des gens pour l'insigne honneur de claquer au plus vite un fric gagné à faire des trucs polluants, malhonnêtes, inintéressants, inutiles et stupides !"

><

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Commentaires
B
Ok ^^
L
"Ou alors me crois-tu simplement méchante ?"<br /> <br /> Non.<br /> <br /> "Bien évidemment que j'aurais confiance en la foule, je ne pars pas du principe absolu et universel que les gens sont des merdes..."<br /> <br /> Moi non plus. Mais en parlant de misanthropie, j'ai peut-être détourné l'attention de l'essentiel de mon propos.<br /> Généralement assez optimiste quant au genre humain, j'avoue que si j'étais au milieu d'une foule au pas de course, je ne ferais pas confiance à la foule.
B
Honnêtement, avec l'estime que tu exprimes ici sur l'espèce humaine, tu ferais confiance aux autres membres de la foule, toi?"<br /> <br /> Je n'ai pas parlé d'espèce humaine, à aucun moment, mais d'une bande de connards bien précis. Je parle de la médiocrité humaine comme je pourrais parler de sa beauté en fait (mais j'avoue que je le fais rarement sur mon blog). Bien évidemment que j'aurais confiance en la foule, je ne pars pas du principe absolu et universel que les gens sont des merdes... Si je m'énerve autant c'est parce que je suis déçue, justement, et que j'estime ce comportement anormal. Une personne de base, normale, ordinaire, pour moi, ne ferait pas ça, pas besoin d'être surhumain. Ou alors me crois-tu simplement méchante ?<br /> <br /> "Parait d'ailleurs qu'on est plus en sécurité dans un wagon de métro quand il n'y a qu'une seule autre personne avec soi, que quand il est plein."<br /> <br /> Oui, on voit ça en psycho sociale. Il n'en reste pas moins qu'il y a des variations entre individus, des gens naturellement plus égoïstes que d'autres.
H
Je t'aime et je suis d'accord avec la façon dont tu parles des gens, ensemble ou individuellement, mais faut pas se faire d'illusion. Tu es également un clone interchangeable (et moi donc), et tu n'aurais pas non plus pris la peine de t'arrêter pour aider le mec par terre, en te disant que de toutes façons, quelqu'un finirait bien par le faire. La seule différence avec les autres, c'est que toi tu n'étais pas devant un magasin à attendre de pouvoir dépenser, la bave aux lèvres.<br /> <br /> C'est ça le souci avec la foule. On est tellement nombreux que tout le monde se dit que quelqu'un d'autre va bien finir par faire quelque chose. Parait d'ailleurs qu'on est plus en sécurité dans un wagon de métro quand il n'y a qu'une seule autre personne avec soi, que quand il est plein. Si tu te fais attaquer, les gens se diront moi je ne bouge pas, on est super nombreux, quelqu'un va finir par le faire. S'il n'y a qu'une personne avec toi, elle n'a pas le choix. Si elle n'agit pas, c'est pas la foule la salope, c'est elle.<br /> <br /> Ceci étant dit, je déteste les gens.
L
"je reste toujours vigilante de ce qui se passe autour de moi"<br /> <br /> Je ne trouve pas évident que ce soit suffisant. Si le mouvement est assez soudain et la foule assez compacte (et j'imagine que dans ce cas-là ce devait l'être), t'arrêter, te pencher pour aider l'employée à se relever est non seulement difficile, mais aussi risqué: tu peux perdre l'équilibre et te retrouver piétinée à ton tour. <br /> quant aux autres, comme il n'y a pas le temps de se concerter, ils sont sensiblement face au même dilemme que toi: tenter de lui venir en aide peut être dangereux, et ils ne peuvent pas savoir si les autres vont s'arrêter.<br /> Honnêtement, avec l'estime que tu exprimes ici sur l'espèce humaine, tu ferais confiance aux autres membres de la foule, toi?<br /> <br /> D'autre part, dans une foule compacte en déplacement rapide, ton champs de vision est limité. Il n'est pas impossible que tu aies mis le pied sur l'employée avant même de te rendre compte de ce qui se passe, vigilance ou pas.
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