Aigreur & tristesse
Préambule : notez dès à présent l'absence des mots capitalisme, droite ou Sarkozy dans ce post. Vous pourrez checker, ils n'y figurent pas, ni leurs synonymes ; ce pour éviter qu'on me reproche (à juste titre) la reprise à des fins politiques d'un événement des plus lamentables, qui ne dépend de rien d'autre, selon moi, que de la médiocrité humaine. Allez, enjoy, ça va le faire :o)
Ça s'est passé en je ne sais plus quelle année, la 2008 très probablement, durant les courses de Noël d'un grand magasin new-yorkais. Les gens, impatients d'offrir leurs bouses insipides cadeaux à leurs connards minables d'amis ou de parents qu'ils n'aiment même pas de toute façon, piétinaient d'une impatience fiévreuse en attendant l'ouverture des portes du magasin, pour s'y ruer, tous en même temps, tous en premiers, sur LE bibelot, LE it, qui ferait plaisir (si cette engeance est capable de ressentir quoi que ce soit). Un modeste employé, tranquillou, peinard, lui aussi bien décidé à passer de jolies fêtes, pour lesquelles il économise sur le maigre salaire de son boulot ingrat (où, soit dit en passant, il se fait exploiter sans vergogne par son patron pété de thunes acquises à vendre de la camelote faites par des petits Chinois souffreteux et dépressifs), va ouvrir les portes du magasin et, comme mentionné plus haut, les gens se précipitent.
Et écrabouillent inexorablement notre employé. Il meurt, à la fois asphyxié, piétiné, brisé et déchiqueté.
C'est la joie et la magie de Noël, wouhou ! Et pourtant j'aime sincèrement Noël. C'est en partie pourquoi j'écris ce message au mois de juin, ainsi je n'irai pas à l'encontre de tout ça, de mes jolis souvenirs de longues soirées, le moment venu.
Alors, alors, combien, parmi ces criminels pitoyables (tuer pour acheter... Ils étaient des milliers, et ils n'ont même pas pensé, tant qu'à faire, à piller le magasin. Tuer pour acheter. À méditer), euh, je ne sais plus quelle question rhétorique éclatante je voulais asséner, ha si : combien, parmi eux, étaient chrétiens, et se sont vus offrir leur joli cadeau à leur jolie famille unie dans l'amour du Christ ? Peu, j'espère, pour l'honneur de ce en quoi ils croient. Beaucoup, sans doute, car la nation américaine est censément "pieuse".
Oh, ça devait être beau ! Tous ces gens si impatients, trépignants dans le froid d'un matin de décembre enneigé et illuminé, excités à l'idée d'offrir quid une théière design à la con à une pouffe bête et méchante, quid une chemise hors de prix pour un beau gosse moche, débile et qui cocotte comme un abruti, quid un livre dénué du moindre intérêt à un idiot congénital qui fera mine d'avoir profondément compris les rares phrases porteuses d'un sens quelconque et convenu...
"Youhou, chouette, je suis une sous-merde sans personnalité qui va offrir un truc hideux, nul, cher, ordinaire et produit en séries de 100 000 000 à une autre sous-merde sans personnalité (je me demande d'ailleurs comment je fais pour parler d'elle à la troisième personne puisqu'elle est un clone de la mienne - et en fait je ne me demande rien puisque je suis trop niaise), en somme quelqu'un que je fais semblant d'aimer parce qu'il est aussi creux, putréfié et médiocre que moi, et pourtant c'est pas peu dire ! Qu'est-ce que c'est cool ! On est tous des gros cons dans ce magasin moisi, notre QI culmine à 72 tout le monde cumulé, GAAAAAAAAA, et on est vachement fiers de nous, puisqu'on ne vaut rien, qu'on pue, qu'on nuit, qu'on fait chier, qu'on est des imbéciles narcissiques et méchants qui tuent des gens pour l'insigne honneur de claquer au plus vite un fric gagné à faire des trucs polluants, malhonnêtes, inintéressants, inutiles et stupides !"
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